Nicolas Fourmont - GATE17
25/02/2022
Une projection du documentaire « Belfort, les enfants du Lion » a été organisée lundi 21 février 2022 au Palais du Luxembourg. Les élus de General Electric (GE) ont eu la très bonne idée d’inviter le Gate17[1]. L’occasion pour nous de revenir sur la situation de GE Belfort et de porter un coup de projecteur sur le syndicalisme de projet… engagé en faveur de la transition énergétique.
Palais du Luxembourg — Lundi 21 février 2022
Philippe Petitcollin à gauche (CFE-CGC) et Alexis Sesmat (Sud-Solidaires), les « élus piliers » de l’intersyndicale de GE.
Source et crédit photo : cfecgc.fr
Y a-t-il un pilote dans la turbine à gaz ?
Le documentaire « les fils du Lion de Belfort » met en récit un petit bout de notre histoire de France. Vanessa Ratignier et Christophe Bouquet, les réalisateurs du film, raconte en creux le Territoire de Belfort qui s’est construit sur l’industrie. Le documentaire met aussi crûment en lumière l’absence de vision stratégique pour ce territoire. L’État et les capitaines d’industrie semblent avoir fait défaut en ne répondant pas à des questions essentielles pour le territoire belfortain : le gaz est-il une énergie de transition et à développer sur les prochaines décennies ? La France doit-elle développer la filière nucléaire ? Quels sont les niveaux d’investissement nécessaires pour véritablement lancer l’hydrogène ? L’absence de constance et de cohérence rend les salariés de GE aujourd’hui amers.
« Délocaliser n’est pas jouer », démonstration à l’appui !
Dès 2017, les élus de GE ont pointé l’absence d’un projet industriel pour leurs entités et ils ont très rapidement tiré la sonnette d’alarme. Mais, la situation est alors critique. Les élus comprennent que les formes classiques de mobilisation et d’interpellation syndicales ne suffiront pas pour inverser la tendance et sauver le plus grand nombre des emplois. Ils s’engagent alors dans une nouvelle stratégie : rééquilibrer leur rapport de forces avec leur direction en construisant un argumentaire technico-économique. La coordination syndicale, qui se structure autour de la CFE-CGC et Sud-Solidaires, affine ses analyses. L’expertise développée par les équipes syndicales est tellement poussée que Bruno Lemaire, ministre de l’Économie, se dit « avoir été bluffé » par le niveau d’expertise des élus. À partir de ce moment-là, les acteurs politiques, qu’ils soient locaux et nationaux, vont considérer les organisations syndicales aussi légitimes que la direction générale de GE.
Le sauvetage « d’Arabelle » ne fera pas le printemps…
Les arguments et la mobilisation de l’intersyndicale semblent avoir finalement porté leurs fruits. Face au désengagement de GE et à la désagrégation programmée de l’expertise accumulée sur Belfort, l’exécutif a finalement « invité » EDF à racheter l’activité nucléaire de GE Steam Power. Cette acquisition vise à ramener sous pavillon français la fabrication de la turbine à vapeur « Arabelle », maillon essentiel pour faire tourner les centrales nucléaires. Les élus de GE ont donc réussi une opération d’envergure. La partie est-elle pour autant gagnée ? Non, évidemment. Par ce rachat, il n’est question ici de sauver qu’une partie de GE. Par ailleurs, cette vente à la découpe ne garantit pas le maintien des métiers et des savoirs accumulés depuis plus de 140 ans sur le territoire.
Créer « APSIIS » pour ne pas prendre la tangente
Alors, comment sauver ce qui reste à sauver ? Comment maintenir l’expertise et les compétences collectives qui font la spécificité du territoire ? Pour tendre vers cet objectif, une poignée d’élus et de syndicalistes ont décidé de (re)construire en dehors de General Electric. Avec des chefs d’entreprise et le soutien des collectivités locales, ils ont créé l’association APIIS (Association de Préfiguration des Sociétés d’Intégration et d’Ingénierie Systèmes). La structure joue aujourd’hui le rôle d’incubateur de projets industriels résolument tournés autour des métiers de l’intégration des systèmes industriels… et cela au service de la transition énergétique (production d’énergies décarbonées).
Lundi 21 février, au Palais du Luxembourg, les deux piliers de l’intersyndicale de GE, Philippe Petitcollin (CFE-CGC) et Alexis Sesmat (Sud-Solidaires), en appelaient à toutes les bonnes volontés pour soutenir leurs initiatives. La cause est belle, elle est juste et mérite effectivement d’être portée à bout de bras.
Les points clefs La démarche de GE en faveur du dialogue social et de la transition énergétique :
✔️ Les OS ont rapidement engagé un dialogue avec les parties prenantes du territoire et les acteurs politiques, bien en amont des plans de restructuration de GE
✔️ Les élus ont développé une réflexion technico-économique poussée pour devenir aujourd’hui un acteur économique incontournable du territoire (légitimité)
✔️ L’intersyndicale a su fédérer autour de sa vision industrielle et construire un syndicalisme de propositions et de projets. De cette dynamique est née l’association APSIIS (Association de Préfiguration de Sociétés d’intégration et Ingénierie Systèmes).
Pour aller plus loin :
➡️ Pour mieux connaitre (et soutenir) l’association APSIIS : cliquez ici.
➡️ Pour voir et revoir le webinaire du Gate 17 et le témoignage d’Alexis Sesmat, représentant Sud-Solidaires de GE : cliquez sur l'image
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